En Amazonie, où j’ai constaté l’état des lieux des forêts, j’ai vu l’enfer devant moi avec ses troncs torturés, ses brandons, sa lumière sulfureuse.
On courait des risques en s’approchant : et si le feu repartait ?… Pourtant, dans cette colossale réserve de biodiversité, poumon vert de la planète, elle résiste, la forêt, face aux nervis des multinationales agroalimentaires qui veulent n’en laisser aucune trace, afin de pouvoir pratiquer l’élevage à grande échelle ou la culture intensive.
D’abord, elle est humide. Il faut donc abattre des arbres, laisser les feuilles sécher, puis mettre le feu. Mais les flammes ne viennent pas à bout des troncs. Une herbe d’origine australienne est alors semée. Elle pousse rapidement, jusqu’à deux mètres de haut. Et brule très bien une fois séchée.
Cette fois , c’est l’enfer qui détruit tout : la végétation, les insectes, les oiseaux, tous les animaux pris dans l’incendie… Très vite, une route d’exploitation va traverser le champ de cendres. Rouge comme une blessure. L’incendie, ses lourds tourbillons de fumée et ses lueurs n’affectent guère les bovins d’élevage, plus intrigués par le photographe que par les flammes lointaines. Comme s’ils avaient l’habitude des braisiers qui libèrent pour eux de vastes espaces.
Hans SILVESTER